Instagram apporte, en ce début d’année 2025, des modifications dans ses fonctionnalités. Des changements de formats et d’outils qui traduisent, en réalité, les mutations des médias sociaux. Une nouvelle expression de leur glissement affirmé d’espaces purement dédiés aux interactions sociales à des environnements hybrides où se mêlent éducation, commerce et contenu professionnel.
Instagram, la primauté du e-commerce
Avec ses 2 milliards d’utilisateurs actifs par mois, Instagram figure au 4ème rang des médias sociaux les plus populaires. Elle s’est imposée comme un véritable espace commercial virtuel. Avec la promesse d’ une audience massive et engagée, et un potentiel de conversion avérées marques sont de plus en plus nombreuses à s’y installer. Elle seraient 200 millions à être présentes aujourd’hui sur la plateforme.
Les principaux changements
L’évolution des fonctionnalités adoptées par Instagram traduit sa dimension multifonctionnelle revendiquée. Elle met l’accent sur la médiatisation de l’expertise et la facilitation de l’e-commerce.
Les publications carrées cèdent la place aux rectangles verticaux. Présenté comme un alignement avec les standards de téléchargement, et donc, une simplification, ce changement suscite en tout cas beaucoup de réactions. Une rupture dans les habitudes des utilisateurs de la plateforme, mais aussi un marqueur pour la plateforme. Un changement de format à inscrire dans le virage résolument commercial et mercantile de la plateforme. Il a, en outre, conduit la plateforme à repenser la présentation des profils.
Autre nouveauté, l’enrichissement du format des carrousels dont la capacité a été étendue à 20 (vs ( jusque-là). Tout comme l’encouragement des Reels éducatifs ou des live streaming, ils visent à favoriser le partage de connaissances par des créateurs, des entrepreneurs ou des influenceurs qui mettent en avant leur expertise.
Avec les fonctionnalités d’achat intégrées (boutiques en ligne, liens directs dans les publications), Instagram s’est fortement orienté vers le e-commerce, permettant aux marques et aux créateurs de générer des revenus directement via la plateforme.
En effet, pour Instagram, encourager les créateurs et les marques à produire du contenu éducatif ou commercial favorise une utilisation plus longue et des opportunités de publicité et de vente. Instagram cherche aussi à se contrer la concurrence de TikTok, YouTube et Linkedin, bien positionnées sur le contenu professionnel.
Moins d’improvisation, toujours plus de stratégie
Avec ces modifications, Instagram laisse encore moins de place à l’improvisation. L’heure est à la professionnalisation, à la stratégie, et toujours plus d’engagement.
Les publications personnelles, telles que les photos de famille ou de vacances, tendent à se raréfier au profit de contenus plus « stratégiques » et soignés.
L’algorithme favorise désormais les créateurs et les marques qui produisent des contenus engageants, éducatifs ou commerciaux, reléguant parfois les simples interactions sociales au second plan.
Des espaces comme les commentaires ou les DM (messages directs) restent toutefois vivants. Cependant, ces échanges sont souvent liés à du contenu à forte valeur ajoutée.
Un risque d’homogénéisation : Si tout le monde suit les mêmes « codes » pour répondre à l’algorithme, il y a un risque que le contenu perde en authenticité. Mais, paradoxalement, c’est justement l’authenticité (ou du moins son apparence) qui capte l’attention !
Le règne des médias sociaux, une nécessaire adaptation
S’il constitue une opportunité pour les marques et créateurs, l’essor d’Instagram impose aussi des adaptations et des reconfigurations. Elles passent par la nécessaire mise à niveau et par l’acquisition d’apprentissages pour pouvoir se donner les moyens de sa visibilité, ou le recrutement d’équipes dédiées, rompues à des algorithmes versatiles et exigeants. Le prix à payer à la « démocratisation » de l’espace commercial.
Mais les changements ne s’arrêtent pas là. Avec la primauté du e-commerce, les espaces commerciaux sont appelés à évoluer et offrir des expériences alternatives ou complémentaires au e-commerce, sous peine de disparition.
Instagram, ou le nécessaire apprentissage
L a « démocratisation » des réseaux sociaux, bien qu’elle offre des opportunités formidables, vient avec des défis non négligeables, en terme d’apprentissage et de stratégie. Quelques conseils pour ne pas renoncer à exploiter le potentiel considérable de visibilité et de transformation de la plateforme.
1. Former une veille active et anticiper les tendances
- Suivre des comptes d’experts en réseaux sociaux, des blogs spécialisés, ou des newsletters qui décryptent les évolutions des plateformes (ex. Later Blog, Social Media Examiner).
- Analyser régulièrement les formats émergents (ex. vidéos courtes, carrousels) et s’exercer à les utiliser pour ne pas être pris de court.
2. Créer du contenu “résilient” face aux algorithmes
- Diversifier les formats : carrousels, reels, stories, lives. Cela permet de maximiser l’exposition, même si un format est pénalisé temporairement.
- Privilégier des contenus “evergreen” (valeurs durables, tutoriels) pour qu’ils restent utiles et recherchables.
- Éviter la dépendance à un seul type de publication : la multiplicité protège.
3. Se concentrer sur l’engagement communautaire
- Encourager les conversations authentiques via les commentaires ou les DM.
- Utiliser les sondages, les stickers interactifs ou les questions en story.
- Créer une relation directe avec sa communauté, moins sensible aux changements algorithmiques.
4. Tester et analyser régulièrement
- Poster à différents moments et formats pour identifier ce qui fonctionne sur ton audience, car chaque compte est unique.
- Utiliser des outils comme les insights d’Instagram ou des plateformes externes (type Later, Metricool) pour ajuster ses stratégies.
- Accepter de supprimer ou réajuster un contenu qui ne prend pas, comme tu l’as déjà fait avec ton reel à 0 vues. Ce sont des tests, pas des échecs !
5. Construire une présence multi-plateformes
- Ne pas mettre tous ses œufs dans le panier d’Instagram. Diversifier vers Facebook, Pinterest, LinkedIn, voire TikTok.
- Éviter de dépendre d’une seule plateforme, surtout si les algorithmes ou les politiques changent brutalement.
6. Être stratégique avec son temps et son budget
- Ne pas chercher à tout suivre ou maîtriser. Prioriser les actions à fort impact, comme le contenu qui engage ou les collaborations.
- Investir dans des formations ou outils si cela permet d’économiser du temps ou d’être plus efficace.
7. Trouver sa voix et se différencier
- L’authenticité et la personnalité restent les clés pour se démarquer. Même si l’algorithme change, une communauté fidèle suivra toujours un créateur ou une marque qui lui ressemble.
Une reconfiguration de nos espaces commerciaux
Les réseaux sociaux, dont Instagram, agissent désormais comme des vitrines modernes. Les consommateurs s’inspirent des publications, découvrent des marques via les influenceurs, et passent à l’achat directement en quelques clics. Les boutiques physiques deviennent parfois des espaces « expérientiels » pour compléter une stratégie omnicanale.
Désormais, les boutiques physiques ne se limitent plus à des espaces de vente de produits. Ils cherchent ou doivent pouvoir offrir immersive et engageante aux visiteurs. Cela va d’activités interactives, aux ateliers, des démonstrations ou encore un design unique qui incite les visiteurs à passer du temps sur place, sans forcément acheter. A titre d’exemple :
- les boutiques éphémères (pop-up stores) créées pour susciter la curiosité. Elles proposent souvent des expériences exclusives, comme des lancements de produits ou des collaborations uniques.
- les espaces immersifs où les visiteurs interagissent avec les produits d’une marque, comme des tests en réalité virtuelle ou des mises en situation.
- les Magasins-concept qui mêlent commerce, art, design, et parfois restauration, pour offrir une ambiance mémorable et un lieu de rencontre.
- les Ateliers DIY : certaines boutiques permettent aux visiteurs de personnaliser ou de créer leurs propres produits, ce qui les implique davantage émotionnellement.
Ces expériences constituent aujourd’hui les moyens de :
- Se différencier du commerce en ligne : Puisque tout peut s’acheter en ligne, les boutiques physiques doivent offrir une raison supplémentaire de venir, comme une expérience qu’on ne peut pas vivre à distance.
- Créer un lien émotionnel : Une expérience mémorable pousse les clients à associer des émotions positives à la marque, renforçant leur fidélité.
- Partager sur les réseaux sociaux : Ces espaces sont souvent conçus pour être visuellement attractifs, incitant les clients à prendre des photos et à partager leur visite, augmentant ainsi la visibilité de la marque.
Le web combine aujourd’hui tout ce dont nous avons besoin : éducation, inspiration, consommation et même socialisation. Cette polyvalence explique pourquoi les réseaux sociaux ont pris une dimension aussi stratégique. Une tendance qui traduit des évolutions sociétales auxquelles tout entrepreneur doit s’adapter.
